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INTERVIEW de JULIEN CAPRON par Marion UHLE
Julien Capron
Julien Capron, jeune écrivain français de 33 ans, écrit depuis le plus jeune âge. L’écriture, c’est sa passion. Après avoir travaillé dans le journalisme pendant plusieurs années, il s’est finalement décidé de consacrer sa vie à l’écriture littéraire. D’abord, il a monté un groupe de théâtre et il a écrit des pièces. Il s’est ensuite tourné vers l’écriture de romans, dont deux ont déjà été publiés : « Amende honorable » et « Match aller ». Son troisième livre « Match retour » sortira en janvier 2011.

Julien, pourriez-vous tout d’abord me donner quelques informations sur votre parcours ? Quelles études avez-vous fait ? Depuis quand vous écrivez ?
J’ai un parcours classique, j’ai une formation littéraire. J’ai fais hypokhâgne et khâgne à Versailles. Comme je n’ai pas eu le concours de l’ENS, j’ai continué à la fac, en lettres, mais je me suis assez vite ennuyé. De toute façon, si j’ai fait des études littéraires, c’était pour écrire. Mon but, ce n’était pas d’être enseignant ou d’avoir l’agrégation. Au fait, depuis 10 ans, je cherche un métier qui finance l’écriture et qui soit en relation avec l’écriture. Je me suis en fait tourné vers le journalisme ; ce n’était pas une passion d’enfance, mais j’ai commencé une école de journalisme afin d’avoir un métier qui pouvait me faire gagner ma vie. Mais j’ai eu tort, car c’est presque aussi compliqué de gagner sa vie comme journaliste que comme écrivain. J’ai intégré l’école de Strasbourg et je me suis orienté en télévision parce que faire des reportages, c’est aussi raconter une histoire, avec des images, des montages etc. J’ai travaillé pour France 3 pendant un moment, et, vu la situation économique, beaucoup de CDD en journalisme ont été supprimé. Et comme mon but a toujours été d’écrire, un jour, je me suis dit que je devrais consacrer tout mon temps à l’écriture. Et là, de toute façon, cela fait 10 ans que j’écris régulièrement. J’avais aussi écrit des pièces de théâtre. Et un jour, mon père, qui sait que j’ai toujours aimé écrire, a lu mes textes et m’a enfin dit qu’il pense que là, je suis assez mûr et prêt, et qu’il m’aiderait financièrement si j’ai vraiment envie de m’y lancer. Et voilà, ce qui m’a permis d’écrire mon premier roman, que j’ai pu publier.
Vous avez débuté votre carrière littéraire notamment avec la publication de votre premier roman « Amende honorable », un roman très réfléchi et profond. Comment avez-vous fait pour le publier et que souhaiteriez-vous exprimer à travers ce livre ?
C’est un livre qui me tient vraiment à cœur, et à travers lequel j’ai pu exprimer une conviction littéraire, une conviction de style. Je sais qu’il n’était pas parfait, mais si on l’avait rejeté, cela m’aurait vraiment fait mal au cœur. J’ai eu la chance que mon ancien professeur d’histoire, que j’apprécie beaucoup d’ailleurs, m’a dit qu’une de ses anciennes étudiantes venait de commencer à travailler chez Flammarion. Elle n’était pas éditrice elle-même, mais elle connaissait le monde de l’édition, et c’est ainsi que j’ai eu la chance d’atterrir chez Flammarion.
J’ai toujours aimé de décrire le monde, de beaucoup écrire. Mes œuvres sont donc plutôt assez longues. Au fait, je suis fils d’avocat, ce qui fait que j’ai toujours eu un intérêt pour la justice. A un moment, j’ai eu l’idée d’imaginer une histoire qui se déroule dans un pays imaginaire, la République, ce qui pourrait donc être n’importe quel pays. On imagine que la peine de mort soit de nouveau légitime. Mais on invente une nouvelle punition, et c’est de faire une peine d’approbation, l’amende honorable, un travail de culpabilité : Tant que le coupable n’a pas compris lui-même sa faute, il n’est pas condamné et exécuté. Il vit donc une vie infernale. Dans une certaine mesure, l’exécution sera ainsi une faveur qu’on lui fait, en le libérant de cet enfer. Le livre traite essentiellement différents destins confrontés à leurs différentes culpabilités. Le principe de cette loi, c’est d’enfermer les individus dans leur propre culpabilité. Le thème, c’est donc la justice. J’avais envie d’écrire un livre sur la démocratie avec toutes ses caractéristiques et de montrer qu’elle commence à perdre ses évidences et qu’elle n’est qu’une certaine vision du monde. J’ai voulu parler de la violence qui se trouve dans cette société et quels choix on peut faire devant cette violence. A travers ce livre, je voulais exprimer une certaine profondeur et faire réfléchir le lecteur aux sociétés actuelles, et défendre une justice sociale.
Votre deuxième roman « Match aller » se déroule autour du rugby. Pourquoi avez-vous choisi d’écrire cette histoire, qui par ailleurs aura une suite « Match retour » ? Et y a-t-il une parallèle entre vos livres ? Peut-on parler d’une trilogie ?
Tous les trois livres créent une trilogie, car ils se passent tous dans le même pays, la République. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier livre pour comprendre le deuxième, car les histoires sont indépendantes l’une de l’autre. « Match aller » et « match retour » c’est plutôt une suite quand-même. Mais on peut voir les trois livres comme une série. Ce que les trois livres ont en commun, c’est une certaine réflexion sur la justice et la violence dans la société. Mais « Match aller » et « Match retour » se passent 20 ans avant « Amende honorable ». C’est une trilogie de thème et de style plutôt que de récit, même s’il y des choses qui se croisent.
Pour « Match aller » et « Match retour », je voulais parler de sport. Je voulais aussi me poser la question sur la place de la mythologie aujourd’hui. Elle a une forme narrative. Les histoires, les mythologies qu’on se raconte aujourd’hui tournent notamment autour du sport et des faits divers.
Le point de départ de l’histoire des livres, c’est un serial killer qui frappe à l’intérieur d’une équipe de rugby et qui tue selon la mythologie grecque. L’histoire est construite comme un feuilleton. Chaque chapitre est un match.
Je voulais écrire quelque chose d’accessible. Dans mon histoire, je voulais intégrer la place du corps dans notre société : aujourd’hui, nous vivons dans un monde totalement intellectualisé, les gens forts, très sportifs, sont donc dépréciés en réalité. Mais à un moment, on souhaite quand-même retrouver les sensations du corps. Et puisque j’aime bien le rugby, cela se déroule autour de ce sport. J’avais envie d’inventer des équipes et des matchs de rugby. J’avais aussi envie de reparler d’un élément sur lequel nous n’avons pas d’influence, et c’est la nature. Et le rugby me semblait un bon terrain pour cela.
Au fait, je ne cherche pas à écrire un bestseller, mais à écrire sur ce que j’aime et à faire entrer le lecteur dans ce monde imaginaire et à le divertir ainsi. C’est un livre que j’aurais aimé lire quand j’étais plus jeune.
Quels sont vos futurs projets littéraires ? Quand y aura-t-il la suite de « Match aller » et que seront vos autres projets ?
J’ai écrit « Match retour » en 2008, je l’ai travaillé et retravaillé après, et il sortira en janvier 2011.
Avec « Amende honorable », « Match aller » et « Match retour », j’ai essayé d’écrire trois livres qui vont dans la même direction. Maintenant, je pense faire une petite pause, pour ensuite écrire quelque chose de très différent. Si je m’y mettais maintenant, j’aurais peur de me répéter et de refaire la même chose. J’aurais peut-être envie de parler d’une autre société, dans la France d’aujourd’hui peut-être, donc un pays réel, ce qui exprimerait peut-être quelque chose de plus fort.
Vous avez une admiration assez prononcée pour Marcel Proust ? Pourquoi ?
C’est un auteur qui a vraiment un mot. Il a une écriture qui me révèle beaucoup de choses. Il me fait voir des choses que je n’ai jamais vues. Par ailleurs, c’est un extraordinaire dialoguiste. Il y a tout un monde chez lui, un monde très profond. Ca me touche beaucoup, je trouve ça très souvent très drôle. Et ce qui me touche beaucoup aussi, c’est qu’il montre la douleur de ne pas toujours pouvoir faire du monde quelque chose d’aussi beau que l’art. La vie artistique est une vie séparée du reste.
Y a-t-il d’autres auteurs et artistes qui vous inspirent ?
Je suis très admiratif de Claudel. Après, il y en a beaucoup, je n’ai pas une liste. Mais j’aime bien lire du Shakespeare, ce qui reste un défi permanent. Il y a une nourriture fabuleuse de mondes, de personnages et de réflexions dans ses œuvres. Mais bon, il y a énormément d’autres artistes que j’apprécie, et notamment en musique, c’est Bach, qui fait pratiquement partie de ma vie quotidienne. C’est une admiration absolue.
Que conseillerez-vous aux jeunes gens qui aiment écrire et voudraient publier, mais qui ne sont pas très sûrs d’eux ou qui ne savent pas comment procéder ?
Mon conseil, c’est de « Travailler comme si c’était interdit », c’est une citation de Victor Hugo. Il faut rechercher les raisons profondes pour lesquelles on écrit. Ecrire c’est une école d’humilité, il faut écrire et réécrire, et il est difficile de vraiment achever une œuvre littéraire. C’est se battre pour ce que l’on aime. Il faut écrire parce qu’on a besoin d’écrire.
Ensuite, s’ils aiment écrire, alors qu’ils lisent. Je crois que l’écriture c’est solitaire. On laisse une œuvre en espérant que celui qui nous lit prenne plaisir en la lisant. Mais on ne connaît pas sa réaction. La seule vérité pour laquelle il faut écrire, c’est pour répondre à son propre besoin d’écrire, pour répondre à soi-même. Bien sûr que c’est important aussi que l’on soit lu et de faire passer un message aux autres. Mais si c’est pour la gloire, il vaut mieux se tourner vers le cinéma ou enseigner dans les grandes écoles par exemple. L’écriture c’est devenu une affaire de passion. C’est qu’on a besoin d’écrire.
La publication, c’est ainsi un problème secondaire. C’est important bien sûr, mais ce n’est pas l’essentiel. Pour être publié, il faut envoyer ses œuvres. Mais il faut garder confiance si l’on n’est pas publié. En même temps, il est important de se regarder de manière critique et de se dire qu’on n’a pas plu à un moment donné. Il faut aussi écouter les autres, son entourage. Il faut écouter les critiques et les conseils pour évoluer, mais surtout s’écouter soi-même.

EXTRAIT LTTERAIRE de JULIEN CAPRON
« La guerre chuchotait encore comme une vieille, qui n’a rien oublié, et qui ne pardonnera plus. Sous la cruauté de sang-froid des schémas qui la racontaient à présent, sous les pyramides des âges, autant de femmes, d’hommes, d’enfants à la vie tranchée nette, êtres finalement à peine points d’encre pour écrire un chiffre, humanité sucée jusqu’au squelette d’un nombre. Certes, ceux qui avaient vécu les combats dans leur peau avaient désormais le visage ridé et la voix qui ne portait plus. Certes, la Guerre des Libérations n’était plus qu’un ensemble de faits enseignés à des adolescents qui adoraient frotter leur sentimentalisme au contact de ces atrocités, et qui aimaient interroger leurs grands-parents sur ce qu’ils faisaient alors, ce qui permettait de loger la légende dans ces mauvaises photos de mariage, dans cet appartement décati, où s’allongeait le malodorant mystère de la vieillesse. Certes, on affirmait chaque année à date consacrée l’union de la République après ses déchirements, aujourd’hui désignés absurdes. Certes, la Guerre des Libérations était devenue une leçon à retenir, qui forçait le respect à l’endroit de tout ce qui l’avait résolue : Doctrine, fonctions, systèmes. Une leçon qui sacralisait sa version du mal et qui frappait d’insignifiance les souffrances à propos desquelles elle n’avait rien à dire. Catéchisme bienveillant qui présentait le défaut des catéchismes : délivrer du danger encore à comprendre, créer de bons élèves, catégorie traditionnellement inapte à dévisager les iniquités encore orphelines de sermons. »


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